mercredi 20 février 2008

« Renaître de ses ruines »

Je me réveille ce matin et découvre ma ville en guerre et en ruines, ville détruite par ses habitants du jour au lendemain devenus pyromanes. Je meurs de chagrin pour ce bout de terre qui m’a tout donné et où enfant, je me plaisais à y contempler le doux chant du pigeon voyageur communiquant de très haut son plaisir d’éternel voyageur. Je me promène dans N’Djaména, piétinée par les godasses d’une soldatesque inconsciente et sanguinaire, et je me surprends à rêver. Quel décor pour un rêve, me dit-on. Je vois naître dans mon esprit une image irréelle mais encore omniprésente. Je découvre ma ville renaître de ses cendres et prendre la forme d’une prairie verdoyante se prélassant dans une vallée humide. Je vois les ruines se transformer en petites et luisantes pépites d’or et orner la devanture des maisons et les étals des commerces. Lorsque passe le charognard, content d’avoir picoré le reste des corps meurtris par des canons, j’écoute de son bec une musique autre que le ronflement de l’obus s’abattant il y a peu sur le marché central. Surpris que je suis d’entendre une mélodie vantant les gloires d’une belle déesse ivre d’amour et de bonheur. Sur les artères de la ville, les pas nonchalants et hésitants des miens s’accélèrent en une cadence saccadée digne des habitants des grandes villes à la recherche du bonheur perdu. Je vois enfin sourire le vieux mendiant couché sur le trottoir. Le voir ainsi conter des historiettes à son heureuse progéniture, après une bonne journée de travail, comble fut ma joie. Voir les empreintes de la nuit passée faire place à la lueur luisante et éclatante du jour, je suis subjugué d’aise. Subjugué je le suis aussi de voir les femmes troquer leur petit sourire forcé en une salve blanche et éclatante, douceur de vie. Qu’elles sont belles ainsi les femmes de chez moi, comme si les jours de fête se prolongeaient. Devant ma posture béate, j’entends chanter l’épervier : « Après la pluie, le beau temps. Heureux seront les jours à venir ». Al – Hamndou Dorsouma, Citoyen tchadien dalhamdou@gmail.com

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