mardi 27 octobre 2020

Carnet de voyage/ Aller Yaoundé - Bangui

Samedi, 8 août 2020, il est 3h20, à bord d’une Toyo Land Criseur, à quatre, tous chauffeurs, nous quittons Yaoundé pour Bangui.

Yaoundé, encore endormie, très peu de circulation, scintille,  très rapidement, nous traversons  la ville. Notre objectif, atteindre la plus grande ville de l’Est du Cameroun, Bertoua. Nous traversons Ayos et Abong Mbang. A notre passage, nous rencontrons des ‘’goumiers’’, en partance pour Yaoundé, à toute l’allure, qui nous éblouissent.

Il est 7h, nous sommes à Bertoua, la capitale de la région orientale du Cameroun et du département de Lom-et-Djerem. Selon le recensement de 2015, Bertoua compte 88 462 habitants et est le foyer traditionnel du peuple Gbaya [1]. On trouve le peuple Gbaya à l’ouest de la République Centrafricaine, au centre-est du Cameroun, du Congo, Nigéria, Soudan et Liberia.

Bertoua s’éveille, les commerces s’ouvrent, les mototaxis circulent, les gens vont et viennent. Nous arrêtons à une station d’essence. Après avoir fait le plein de la voiture et refait les forces, nous mettons le cap sur Garoua Boulaï.

A 12h, nous traversons le dernier péage, le sixième, du côté du Cameroun, nous sommes à Garoua Boulaï, la dernière ville du Cameroun, avant d’entrer en République Centrafricaine. A partir d’ici, on peut se rendre au Tchad  via Ngaoundéré et Toubouro. Le trafic est dense. Ici on parle le français et le foulbé.

Nous nous dirigions vers les postes des polices des frontières pour les formalités. Un de nous présente les documents (ordre de mission, lettre d’invitation, etc.). Le policier, d’un ton sec et formel, lui répond :

« Pas de traversée des personnes sauf les marchandises, les frontières sont fermées, c’est la consigne du Gouvernement, à causes des mesures restriction dues à la Covid-19 ».

Nous insistons :

« Nous rendons à une ordination, à Bangui, nous avons tout le nécessaire de celui qui sera ordonné prêtre».

Après avoir ausculté nos documents, il nous dit :

« Allez voir de l’autre côté de la RCA, si vous pouvez passer.»

Un de nous s’y rend, une bonne nouvelle : « nous pouvons passer »

Les formalités du côté camerounais commencent : établissement du passe-avant, photocopie des passeports, présentation du test de Covid-19, etc. 

Nous avons le ‘’Ok’’ pour passer. Nous sommes dans la zone neutre. Enfin, on nous ouvre la barrière du côté de la RCA. Nous faisons visé nos passeports. Une fois les formalités faites, nous traversons la barrière. Nous sommes à Belobo, une petite ville naissante à la frontière, en RCA. Ici, on parle le Sango. Les marchants ambulants vont et viennent. Nous arrivons au poste central de la douane de Belobo.

C’est ici que convergent toutes les voitures et les véhicules de marchandises en partance pour Bangui. On nous demande de laisser une caution d’un million et demi pour avoir le passe-avant. Nous entrons en négociation, avec la médiation d’un confrère centrafricain, on finit par avoir le passe-avant en payant 20 000 Frs (or du côté Cameroun, c’était 10 000 Frs).

Ici, l’ingéniosité des transporteurs des voitures de marque Toyota est surprenant. Le coffre de la voiture est ouvert et suspendu par un bois, servant de cal, et au dessus de la voiture sont chargés les bagages et les marchandises d’un  à deux mètres de hauteur, sur lesquels sont perchées des personnes.

Avant de joindre Bouar via Baboua, le grand-frère d’un confrère nous accueille. Nous dégustons les premiers repas centrafricains : la carpe avec la pâte de ngoundja (le manioc) et le yabanda (feuille de koko avec le poisson). Depuis 3h du matin, c’est maintenant que nous prenons un repas.

A 15h20, nous quittons Beloko. A 17h 27, nous sommes à Bouar. Bouar est un bourg de l'ouest de la République Centrafricaine, situé sur la route principale de Bangui (437 km) à la frontière avec le Cameroun (210 km). La ville est la capitale de la préfecture de Nana-Mambéré.

A chaque poste de douane, avant de viser le passe-avant, les agences en place, nous demandent 5000 Frs, nous entrons en négociation et ils nous laissent passer.

Sans arrêt, nous continuons notre périple. Le tronçon est en chantier, la route est dégradée, jonchées de nid de poule et des trous, imposant la limitation de vitesse entre 50-70 km. Il est 18h28, nous traversons Baoro, puis Yaloké et Bossembélé. A chaque poste de douane, le même rituel (5000 Frs à payer, négociation et laisser-passer).

Le réservoir principal rempli à la dernière station avant Garoua Boulaï est presque vide, nous nous arrêtons, avec l’aide des jeunes, nous transférons le carburant du deuxième réservoir au premier, nous continuons.

Après Bossembélé, le confrère qui conduisait me cède le volant. Nous filons pour Boali dans l’espoir d’atteindre Bangui avant minuit. Nous sommes à Boali. Après le contrôle de routine, l’agent de la barrière, nous demande d’y passer la nuit. Il est minuit, nous passons la nuit dans la voiture.

A 5h20, la barrière est ouverte et nous fonçons sur Bangui. Avant d’atteindre la dernière barrière du kilomètre 12, nous sommes au kilomètre 26, nous traversons le cinquième (dernier) péage. Juste à côté, la barrière du kilomètre 26, après moult négociations, la barrière s’ouvre, nous nous engageons sur Bangui.

Nous entrons ce dimanche 9 août 2020, au petit matin vers 6h45, à Bangui. Nous sommes au kilomètres 12, la circulation est dense. Le commerce s’active. Les gens vont et viennent. Nous traversons la dernière barrière sans ambages.

A 7h, nous arrivons à destination : la paroisse Saint Jean de Galabadja, l’une œuvre salésienne en République Centrafricaine.

 

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