Samedi, 8 août 2020, il est 3h20, à bord d’une Toyo Land Criseur, à quatre, tous chauffeurs, nous quittons Yaoundé pour Bangui.
Yaoundé,
encore endormie, très peu de circulation, scintille, très rapidement, nous traversons la ville. Notre objectif, atteindre la plus
grande ville de l’Est du Cameroun, Bertoua. Nous traversons Ayos et Abong
Mbang. A notre passage, nous rencontrons des ‘’goumiers’’, en partance pour
Yaoundé, à toute l’allure, qui nous éblouissent.
Il
est 7h, nous sommes à Bertoua, la capitale de la région orientale du Cameroun
et du département de Lom-et-Djerem. Selon le recensement de 2015, Bertoua compte
88 462 habitants et est le foyer traditionnel du peuple Gbaya [1]. On
trouve le peuple Gbaya à l’ouest de la République Centrafricaine, au centre-est
du Cameroun, du Congo, Nigéria, Soudan et Liberia.
Bertoua
s’éveille, les commerces s’ouvrent, les mototaxis circulent, les gens vont et
viennent. Nous arrêtons à une station d’essence. Après avoir fait le plein de
la voiture et refait les forces, nous mettons le cap sur Garoua Boulaï.
A
12h, nous traversons le dernier péage, le sixième, du côté du Cameroun, nous
sommes à Garoua Boulaï, la dernière ville du Cameroun, avant d’entrer en
République Centrafricaine. A partir d’ici, on peut se rendre au Tchad via Ngaoundéré et Toubouro. Le trafic est
dense. Ici on parle le français et le foulbé.
Nous
nous dirigions vers les postes des polices des frontières pour les formalités.
Un de nous présente les documents (ordre de mission, lettre d’invitation,
etc.). Le policier, d’un ton sec et formel, lui répond :
« Pas
de traversée des personnes sauf les marchandises, les frontières sont fermées, c’est
la consigne du Gouvernement, à causes des mesures restriction dues à la
Covid-19 ».
Nous
insistons :
« Nous
rendons à une ordination, à Bangui, nous avons tout le nécessaire de celui qui
sera ordonné prêtre».
Après
avoir ausculté nos documents, il nous dit :
« Allez
voir de l’autre côté de la RCA, si vous pouvez passer.»
Un
de nous s’y rend, une bonne nouvelle : « nous pouvons passer »
Les
formalités du côté camerounais commencent : établissement du passe-avant,
photocopie des passeports, présentation du test de Covid-19, etc.
Nous
avons le ‘’Ok’’ pour passer. Nous sommes dans la zone neutre. Enfin, on nous
ouvre la barrière du côté de la RCA. Nous faisons visé nos passeports. Une fois
les formalités faites, nous traversons la barrière. Nous sommes à Belobo, une
petite ville naissante à la frontière, en RCA. Ici, on parle le Sango. Les
marchants ambulants vont et viennent. Nous arrivons au poste central de la douane
de Belobo.
C’est
ici que convergent toutes les voitures et les véhicules de marchandises en
partance pour Bangui. On nous demande de laisser une caution d’un million et
demi pour avoir le passe-avant. Nous entrons en négociation, avec la médiation
d’un confrère centrafricain, on finit par avoir le passe-avant en payant
20 000 Frs (or du côté Cameroun, c’était 10 000 Frs).
Ici,
l’ingéniosité des transporteurs des voitures de marque Toyota est surprenant. Le
coffre de la voiture est ouvert et suspendu par un bois, servant de cal, et au
dessus de la voiture sont chargés les bagages et les marchandises d’un à deux mètres de hauteur, sur lesquels sont
perchées des personnes.
Avant
de joindre Bouar via Baboua, le grand-frère d’un confrère nous accueille. Nous
dégustons les premiers repas centrafricains : la carpe avec la pâte de ngoundja
(le manioc) et le yabanda (feuille de koko avec le poisson). Depuis 3h du
matin, c’est maintenant que nous prenons un repas.
A
15h20, nous quittons Beloko. A 17h 27, nous sommes à Bouar. Bouar est un
bourg de l'ouest de la République Centrafricaine, situé sur la route principale
de Bangui (437 km) à la frontière avec le Cameroun (210 km). La ville est
la capitale de la préfecture de Nana-Mambéré.
A
chaque poste de douane, avant de viser le passe-avant, les agences en place,
nous demandent 5000 Frs, nous entrons en négociation et ils nous laissent
passer.
Sans
arrêt, nous continuons notre périple. Le tronçon est en chantier, la route est
dégradée, jonchées de nid de poule et des trous, imposant la limitation de
vitesse entre 50-70 km. Il est 18h28, nous traversons Baoro, puis Yaloké et Bossembélé.
A chaque poste de douane, le même rituel (5000 Frs à payer, négociation et
laisser-passer).
Le
réservoir principal rempli à la dernière station avant Garoua Boulaï est
presque vide, nous nous arrêtons, avec l’aide des jeunes, nous transférons le
carburant du deuxième réservoir au premier, nous continuons.
Après Bossembélé, le confrère qui conduisait me cède le volant. Nous filons pour Boali
dans l’espoir d’atteindre Bangui avant minuit. Nous sommes à Boali. Après le
contrôle de routine, l’agent de la barrière, nous demande d’y passer la nuit. Il
est minuit, nous passons la nuit dans la voiture.
A
5h20, la barrière est ouverte et nous fonçons sur Bangui. Avant d’atteindre la
dernière barrière du kilomètre 12, nous sommes au kilomètre 26, nous
traversons le cinquième (dernier) péage. Juste à côté, la barrière du kilomètre 26, après moult négociations,
la barrière s’ouvre, nous nous engageons sur Bangui.
Nous entrons ce dimanche 9 août 2020, au petit matin vers 6h45, à Bangui. Nous sommes au kilomètres 12, la circulation est dense. Le commerce s’active. Les gens vont et viennent. Nous traversons la dernière barrière sans ambages.
A 7h, nous arrivons à destination : la paroisse Saint Jean de Galabadja, l’une œuvre salésienne en République Centrafricaine.
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