lundi 18 mars 2013

Education



L’éducation, panacée des problèmes de l’Afrique subsaharienne.

Les différentes sciences sociales ont leurs assertions et comphrésions de l’éducation. Je ne veux pas revenir sur ses théories savemment élaborées, mais je voudrai juste à partir de la synthèse de ses définitions qui me reste, évoquer quelques problèmes de l’éducation qui handicapent l’émancipation et l’émergence de l’Afrique subsaharienne actuelle, à partir de mes quelques années d’expériences d’éducateurs des enfants et jeunes en milieux pauvres.

Ma compréhension de l’éducation

De toutes les thèories de l’éducation élaborée par les différentes sciences sociales et de l’éducation, étudiées, il me reste cette compréhension de l’éducation : par éducation, j’entends l’action d’amener, de conduire l’enfant à sa maturation en inculquant le savoir, le savoir-faire et le savoir-être afin de faire lui un Homme pleinement selon la vision d’un pays en l’ouvrant à l’universel.

Les sphères fondamentales de l’éducation

De toutes les sphères de l’éducation, deux me semblent capitales, importantes et incontournables. Il s’agit de la famille et de l’école (lycée, université). Ces deux sphères sont la fondation, la base de l’éducation.
La famille comme la première celulle de socialisation de l’enfant. C’est dans la famille que l’enfant voit le jour, c’est là qu’il reçoit un nom et commence sa socialisation. C’est là qu’il apprend à devir un être humain. L’expérience de «l’enfant loup» montre à suffisance que sans la famille humaine, un enfant nouvellement naît ne peut être et devenir humain. La famille (père-mère) demeure la première sphère de d’humanisation. D’oû la nécessité à mon avis d’avoir de nos jours des familles solidement bâties sur des valeurs humaines universelles (indéniable à l’être humain).
L’école comme première sphère traditionnelle d’acquisition du savoir théorique et l’ouverture au monde extérieur de l’enfant a un rôle important dans l’éducation de l’enfant. Après la famille, c’est l’école non seulement à mon avis comme cadre d’acquisition des savoirs théoriques, livresques mais comme un espace d’exercice et de perfectionnement de la socialisation débutée en famille.
L’école de nos jours doit aller au-dèlà de sa mission traditionnelle, elle doit être un lieu où se transmet et se vit les valeurs de la République ouverte à l’universel. L’école à mon avis doit être une seconde famille et une République en miniature. Qu’en est-il de l’éducation actuelle dans ces deux sphères ?

L’état actuel de l’éducation en Afrique subsaharienne

Les problèmes de l’éducation des pays subsahariens malgré quelques diffèrences me semblent être les mêmes.
Par exemple en République Centrafricaine (RCA), où je m’occupe d’une école primaire et maternelle d’environ 600 enfants, l’éducation souffre de beaucoup d’handicaps, même si des efforts sont faits.
L’éducation au niveau de la sphère familliale est confrontée aux problèmes d’éclatement du tissu famillal et ses corollaires (diovorce des parents, les enfants sont partagés entre papa et maman, l’absence d’autorité parentale, manque du suivi des enfants à la maison, la polygamie etc), perte du sens des valeurs universelles humaines.
Au niveau de l’enseignement d’une manière générale, il y a manque de formation des enseignants qualifiés, pléthore du membre d’élèves dans les classes, démotivation des enseignants, baisse de niveau, manque de la maîtrise de la langue d’enseignement, l’école buissonière etc. Parlant de la langue de transmise du savoir intellectuel, le français et l’anglais deumeurent de nos jours très nécessaires. Dans certains pays, le recroquevillement sur la langue nationale constitue un serieux problème à l’ouverture aux connaissances, car dans ces pays, les manuels scolaires ou universitaires dans la langue dite nationale sont très rare ou n’existent pas. C’est le cas de la RCA que je connaîs plus ou moins.
A ces quelques problèmes qui handicapent dangereusement l’éducation au niveau familial et de l’enseignement s’ajoutent la précarité sociale. Comment peut on éduquer, que ça soit, au niveau famillial ou de l’enseignement si un minimum vital n’est pas assuré ?

L’urgence d’investir dans l’éducation s’impose aujourd’hui en Afrique subsaharienne.

Pour sortir certains pays de l’Afrique subsahariens de leur marasme, il convient à mon avis d’investir dans l’éducation. Cela doit commencer par l’unité de la famille et sa prise de conscience qu’elle est le moule qui façonne l’Homme de demain. En suite, il faut revoir tout le système d’enseignement scolaire et universitaire afin de l’adapter à la vision et aux attentes de chaque pays en tenant compte de l’ouverture à l’universel. Outre cela, je crois qu’il faut aussi : redéfinir l'éducation, sortir l'école africaine du système français, l'Etat doit garantir l'éducation, l'école doit former à la vie, l'éducation aux NTIC et aider les adultes à intégrer le monde actuel.

Redéfinir l’éducation

La redéfinition de l’éducation passe par l’ajustement et l’adaptation du contenu de l’éducation par rapport aux urgences du moment. Nous savons, grâce à la psychologie de l’éducation, que le contenu de l’éducation est la réaction de la société (défense) contre les maux qui la minent. Aujourd’hui, en Afrique subsaharienne pour la plupart des pays, le contenu de l’éducation est obsolète, quelquefois, il n’existe même pas de projet éducatif. «  Mes cinq ans passés en Côte d’Ivoire m’ont définitivement édifié sur l’absence totale de projet éducatif digne de ce nom » dira le philosophe et l’ancien ministre de la Centrafrique, Jean-Paul Ngoupandé (L’Afrique sans la France, Histoire d’un divorce consommé, Paris, Ed. Albin Michel, 2002, p.308) Pour Edouard MATOKO, « les problèmes d’inefficacité du système éducatif africain sont la résultante essentielle de deux facteurs : la dégradation des infrastructures scolaires d’une part et celle des conditions de travail des enseignants d’autre part. Ces deux facteurs se traduisent par une qualité médiocre de l’enseignement, un faible rendement scolaire et de multiples abandons en cours de cycles  » (L’Afrique par les Africains (Utopie ou révolution  ? ) Paris, éd. Harmattan, 1996. p.139)

Sortir l’école africaine du système français
L’école africaine tributaire du système français dans la plupart des pays de l’Afrique subsaharienne a formé ou et est en train de former des chômeurs. Non seulement qu’elle forme des chômeurs mais elle a ou est en train de galvaniser la course aux diplômes, quelquefois non méritoires. Le clanisme aidant, les diplômés immérités médiocrisent l’Afrique.



L’Etat doit garantir l’éducation
L’Etat, garant de l’éducation délaisse ce secteur au détriment de l’armée et des constructions des édifices faramineux. Le budget alloué à l’armée est supérieur à celui de l’éducation. Une manière délibérée de maintenir la jeunesse, lance de fer et la masse de la population dans l’ignorance pour gouverner aisément. En effet pour Aristote, dans Les Politiques, l’un des buts du tyran est de dégrader les âmes des sujets parce qu’une âme basse ne saurait conspirer, dans ce sens il ne faut pas leur donner une éducation de qualité, leur interdire les études libérales ou les réunions d’études.

L’école doit former à la vie
Je pense qu’il est temps de faire de l’école africaine une école qui prépare à la vie dans tous les domaines. Une école qui aide à l’épanouissement intégral de l’enfant, une école qui aide à s’assumer comme africain, ouvert aux autres. Pourquoi ne pas insérer dans le contenu de l’éducation, l’histoire de la diaspora africaine ou l’étude des savants africains? Cela sera un stimulus pour activer le goût du savoir et extirper le complexe et le mythe du nègres vaurien. Comme le dit Daniel Etouga MANGELLE, l’école africaine doit désormais former de futurs créateurs d’entreprises et donc d’emplois et non simplement, des diplômés qui attendent qu’à la sortie des facultés et des écoles l’Etat leur offre des sinécures. (L’Afrique a-t-elle besoin d’un programme d’ajustemeculturel, éd. Nouvelle du sud, Ivry-Sin Sein.p. 99 )

Education à l’utilisation critique des NTC
Aujourd’hui, la sphère de l’éducation s’est élargie. L’éducation va au-delà de la famille et de l’école. Les masses médias, l’Internet et la rue influencent l’éducation. Il faut une éducation à l’utilisation critique des moyens de communication, le plus souvent, source de dépravation des mœurs.

Aider les adultes à intégrer le monde actuel
L’éducation ne se limite pas à l’école et aux enfants ni aux jeunes. Il faut aider les adultes à intégrer le monde actuel. Apprendre aux paysans l’utilisation des engrais, à comprendre le cycle climatique. Aider les femmes à savoir s’occuper de leurs enfants. Bref à sortir l’Africain de la mentalité fataliste et fétichiste qui attribue tout au sorcier et à Dieu. Afin que s’opèrent des changements dans tous les domaines de la vie.

L’emergence et l’épanouissement des pays subsahariens dépendent de l’éducation. Il est certes vrai, que beaucoup de pays investissent dans le secteur éducatif, mais pour d’autres beaucoup reste à faire.
Je crois aussi comme salésiens, nous devons investir le domaine éducatif pour apporter notre specificité. Nos écoles et centres éducatifs donnent-ils une éducation intégrale préparant à intégrer le monde actuel ?

Mag. Eynem

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