L’éducation,
panacée des problèmes de l’Afrique subsaharienne.
Les
différentes sciences sociales ont leurs assertions et comphrésions
de l’éducation. Je ne veux pas revenir sur ses théories savemment
élaborées, mais je voudrai juste à partir de la synthèse de ses
définitions qui me reste, évoquer quelques problèmes de
l’éducation qui handicapent l’émancipation et l’émergence de
l’Afrique subsaharienne actuelle, à partir de mes quelques années
d’expériences d’éducateurs des enfants et jeunes en milieux
pauvres.
Ma
compréhension de l’éducation
De
toutes les thèories de l’éducation élaborée par les différentes
sciences sociales et de l’éducation, étudiées, il me reste cette
compréhension de l’éducation : par éducation, j’entends
l’action d’amener, de conduire l’enfant à sa maturation en
inculquant le savoir, le savoir-faire et le savoir-être afin de
faire lui un Homme pleinement selon la vision d’un pays en
l’ouvrant à l’universel.
Les
sphères fondamentales de l’éducation
De
toutes les sphères de l’éducation, deux me semblent capitales,
importantes et incontournables. Il s’agit de la famille et de
l’école (lycée, université). Ces deux sphères sont la
fondation, la base de l’éducation.
La
famille comme la première celulle de socialisation de l’enfant.
C’est dans la famille que l’enfant voit le jour, c’est là
qu’il reçoit un nom et commence sa socialisation. C’est là
qu’il apprend à devir un être humain. L’expérience de
«l’enfant loup» montre à suffisance que sans la famille humaine,
un enfant nouvellement naît ne peut être et devenir humain. La
famille (père-mère) demeure la première sphère de d’humanisation.
D’oû la nécessité à mon avis d’avoir de nos jours des
familles solidement bâties sur des valeurs humaines universelles
(indéniable à l’être humain).
L’école
comme première sphère traditionnelle d’acquisition du savoir
théorique et l’ouverture au monde extérieur de l’enfant a un
rôle important dans l’éducation de l’enfant. Après la famille,
c’est l’école non seulement à mon avis comme cadre
d’acquisition des savoirs théoriques, livresques mais comme un
espace d’exercice et de perfectionnement de la socialisation
débutée en famille.
L’école
de nos jours doit aller au-dèlà de sa mission traditionnelle, elle
doit être un lieu où se transmet et se vit les valeurs de la
République ouverte à l’universel. L’école à mon avis doit
être une seconde famille et une République en miniature. Qu’en
est-il de l’éducation actuelle dans ces deux sphères ?
L’état
actuel de l’éducation en Afrique subsaharienne
Les
problèmes de l’éducation des pays subsahariens malgré quelques
diffèrences me semblent être les mêmes.
Par
exemple en République Centrafricaine (RCA), où je m’occupe d’une
école primaire et maternelle d’environ 600 enfants, l’éducation
souffre de beaucoup d’handicaps, même si des efforts sont faits.
L’éducation
au niveau de la sphère familliale est confrontée aux problèmes
d’éclatement du tissu famillal et ses corollaires (diovorce des
parents, les enfants sont partagés entre papa et maman, l’absence
d’autorité parentale, manque du suivi des enfants à la maison, la
polygamie etc), perte du sens des valeurs universelles humaines.
Au
niveau de l’enseignement d’une manière générale, il y a manque
de formation des enseignants qualifiés, pléthore du membre d’élèves
dans les classes, démotivation des enseignants, baisse de niveau,
manque de la maîtrise de la langue d’enseignement, l’école
buissonière etc. Parlant de la langue de transmise du savoir
intellectuel, le français et l’anglais deumeurent de nos jours
très nécessaires. Dans certains pays, le recroquevillement sur la
langue nationale constitue un serieux problème à l’ouverture aux
connaissances, car dans ces pays, les manuels scolaires ou
universitaires dans la langue dite nationale sont très rare ou
n’existent pas. C’est le cas de la RCA que je connaîs plus ou
moins.
A
ces quelques problèmes qui handicapent dangereusement l’éducation
au niveau familial et de l’enseignement s’ajoutent la précarité
sociale. Comment peut on éduquer, que ça soit, au niveau famillial
ou de l’enseignement si un minimum vital n’est pas assuré ?
L’urgence
d’investir dans l’éducation s’impose aujourd’hui en Afrique
subsaharienne.
Pour
sortir certains pays de l’Afrique subsahariens de leur marasme, il
convient à mon avis d’investir dans l’éducation. Cela doit
commencer par l’unité de la famille et sa prise de conscience
qu’elle est le moule qui façonne l’Homme de demain. En suite, il
faut revoir tout le système d’enseignement scolaire et
universitaire afin de l’adapter à la vision et aux attentes de
chaque pays en tenant compte de l’ouverture à l’universel. Outre
cela, je crois qu’il faut aussi : redéfinir l'éducation, sortir l'école africaine du système français, l'Etat doit garantir l'éducation, l'école doit former à la vie, l'éducation aux NTIC et aider les adultes à intégrer le monde actuel.
Redéfinir
l’éducation
La
redéfinition de l’éducation passe par l’ajustement et
l’adaptation du contenu de l’éducation par rapport aux urgences
du moment. Nous savons, grâce à la psychologie de l’éducation,
que le contenu de l’éducation est la réaction de la société
(défense) contre les maux qui la minent. Aujourd’hui, en Afrique
subsaharienne pour la plupart des pays, le contenu de l’éducation
est obsolète, quelquefois, il n’existe même pas de projet
éducatif. « Mes cinq ans passés en Côte d’Ivoire m’ont
définitivement édifié sur l’absence totale de projet éducatif
digne de ce nom » dira le philosophe et l’ancien ministre de la
Centrafrique, Jean-Paul Ngoupandé (L’Afrique
sans la France, Histoire d’un divorce consommé, Paris,
Ed. Albin Michel, 2002, p.308)
Pour
Edouard MATOKO, « les problèmes d’inefficacité du système
éducatif africain sont la résultante essentielle de deux facteurs :
la dégradation des infrastructures scolaires d’une part et celle
des conditions de travail des enseignants d’autre part. Ces deux
facteurs se traduisent par une qualité médiocre de l’enseignement,
un faible rendement scolaire et de multiples abandons en cours de
cycles » (L’Afrique
par les Africains (Utopie ou révolution ?
) Paris, éd. Harmattan, 1996. p.139)
Sortir
l’école africaine du système français
L’école
africaine tributaire du système français dans la plupart des pays
de l’Afrique subsaharienne a formé ou et est en train de former
des chômeurs. Non seulement qu’elle forme des chômeurs mais elle
a ou est en train de galvaniser la course aux diplômes, quelquefois
non méritoires. Le clanisme aidant, les diplômés immérités
médiocrisent l’Afrique.
L’Etat
doit garantir l’éducation
L’Etat,
garant de l’éducation délaisse ce secteur au détriment de
l’armée et des constructions des édifices faramineux. Le budget
alloué à l’armée est supérieur à celui de l’éducation. Une
manière délibérée de maintenir la jeunesse, lance de fer et la
masse de la population dans l’ignorance pour gouverner aisément.
En effet pour Aristote, dans Les
Politiques,
l’un des buts du tyran est de dégrader les âmes des sujets parce
qu’une âme basse ne saurait conspirer, dans ce sens il ne faut pas
leur donner une éducation de qualité, leur interdire les études
libérales ou les réunions d’études.
L’école
doit former à la vie
Je
pense qu’il est temps de faire de l’école africaine une école
qui prépare à la vie dans tous les domaines. Une école qui aide à
l’épanouissement intégral de l’enfant, une école qui aide à
s’assumer comme africain, ouvert aux autres. Pourquoi ne pas
insérer dans le contenu de l’éducation, l’histoire de la
diaspora africaine ou l’étude des savants africains? Cela sera un
stimulus pour activer le goût du savoir et extirper le complexe et
le mythe du nègres vaurien. Comme le dit Daniel Etouga MANGELLE,
l’école africaine doit désormais former de futurs créateurs
d’entreprises et donc d’emplois et non simplement, des diplômés
qui attendent qu’à la sortie des facultés et des écoles l’Etat
leur offre des sinécures. (L’Afrique
a-t-elle besoin d’un programme d’ajustemeculturel,
éd. Nouvelle du sud, Ivry-Sin Sein.p.
99 )
Education
à l’utilisation critique des NTC
Aujourd’hui,
la sphère de l’éducation s’est élargie. L’éducation va
au-delà de la famille et de l’école. Les masses médias,
l’Internet et la rue influencent l’éducation. Il faut une
éducation à l’utilisation critique des moyens de communication,
le plus souvent, source de dépravation des mœurs.
Aider
les adultes à intégrer le monde actuel
L’éducation
ne se limite pas à l’école et aux enfants ni aux jeunes. Il faut
aider les adultes à intégrer le monde actuel. Apprendre aux paysans
l’utilisation des engrais, à comprendre le cycle climatique. Aider
les femmes à savoir s’occuper de leurs enfants. Bref à sortir
l’Africain de la mentalité fataliste et fétichiste qui attribue
tout au sorcier et à Dieu. Afin que s’opèrent des changements
dans tous les domaines de la vie.
L’emergence
et l’épanouissement des pays subsahariens dépendent de
l’éducation. Il est certes vrai, que beaucoup de pays investissent
dans le secteur éducatif, mais pour d’autres beaucoup reste à
faire.
Je
crois aussi comme salésiens, nous devons investir le domaine
éducatif pour apporter notre specificité. Nos écoles et centres
éducatifs donnent-ils une éducation intégrale préparant à
intégrer le monde actuel ?
Mag. Eynem
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